Encart « Sur le chemin du passeur » – « Entrer par la petite porte de la technique ! »
« Sur le capot d’une 207 »

Retrouvez ici les encarts « Sur le chemin du passeur » présents dans l’ouvrage.
Nous vous invitons aussi, à consulter les notes bibliographiques situées sous le texte.
- A la une, Encarts "Sur le chemin du passeur"
- octobre 14, 2024
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- Olivier Erard
Comment parvenir à occuper la place du passeur ?
L’endroit n’est pas précisément localisé, il est à la fois en dedans et en dehors du système, à l’interface entre celui-ci et l’environnement (note n°015).
Il s’agit donc de se faire accepter par le système tout en gardant le lien avec l’extérieur. L’une des manières les plus simples est d’entrer dans le système par une porte technique (note n°016).
Nos organisations reposent sur des règles et des méthodes ; cela fait appel systématiquement à des techniques. Il peut s’agir de techniques scientifiques ou mécaniques, mais aussi de techniques administratives, juridiques, organisationnelles, etc.
Peu importe l’entrée que le passeur choisit, l’essentiel est d’être dans le système et proche de la finalité qu’il poursuit. Comme le geste du passeur est un geste systémique, quelle que soit la porte par laquelle il pénètre dans le système, l’ensemble sera mis en mouvement.
La technique n’est donc pas à bannir, elle permet de se connecter au système.
Elle devient un frein au changement quand elle devient un but (note n°017) en soi ou qu’elle est vue comme la solution à tous les problèmes.
Comment ne pas tomber dans le piège du technosolutionnisme (note n°018) ?
Par le doute.
Le doute émerge dès que l’on interroge son geste de manière holistique ; quel que soit son acte, il a des conséquences et des impacts que l’on ne peut pas évaluer totalement puisque le système est complexe.
Le passeur, c’est un expert qui se nourrit du doute (note n°019). Le doute l’aide à maintenir le recul nécessaire et à perpétuer un questionnement qui permet le mouvement.
Avec cette démarche, le passeur peut infiltrer le système, mettre le pied dans la porte, se faire absorber quitte à devenir schizophrène. En effet, il est difficile d’imaginer transformer un système sans s’immerger dedans.
Le passeur doit rester attentif à sa propre schizophrénie (note n°020) pour garder son libre arbitre. Le doute est un excellent indicateur de santé mentale. Tant que l’on doute, on n’a pas totalement basculé…

Texte d’Olivier Erard avec la contribution de Stéphane Durand, extrait de l’ouvrage « Le passeur » aux éditions Inverse///
Notes attachées au texte. Rédigées par Stéphane Durand.
Note n°015 – Renvoi vers note n°004
Note n°015 – Renvoi vers note n°004 Retrouvez ici la note et les références bibliographiques présentées dans le livre ainsi que d’éventuels compléments ! Notes et bibliographie septembre 22, 2024 No Comments Stéphane Durand Le passeur adopte le rôle et la posture d’un marginal sécant.
Note n°016 – Renvoi vers note n°006
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Note n°017 – La technique au service de l’homme ou l’homme au service de la technique ? Quel discernement technologique ?
Note n°017 – La technique au service de l’homme ou l’homme au service de la technique ? Quel discernement technologique ? Retrouvez ici la note et les références bibliographiques présentées dans le livre ainsi que d’éventuels compléments ! Notes et bibliographie septembre 22, 2024 No Comments Stéphane Durand Ces acteurs économiques, salariés, dirigeants, actionnaires et leurs familles dépendent directement de la technique. Et si elle leur rend service, ce n’est pas en termes d’usage, mais de valeur marchande. Dans les processus de transformation, il ne s’agit pas de renier les bénéfices apportés par la technique, mais de s’interroger sur sa place au regard de ce que peut supporter le vivant dans sa grande diversité. Il existe déjà des émergences de modèles économiques qui placent le vivant, sa régénération et la qualité de vie sur Terre comme une finalité. L’économie symbiotique, notamment, mobilise la technologie comme un moyen au service d’une qualité de vie améliorée et non plus comme un objectif en soi. « L’économie symbiotique – Régénérer la planète, l’économie, la société. Isabelle Delannoy – Editions Acte Sud 2017 ».
Note n°018 – Technosolutionisme
Note n°018 – Technosolutionisme Retrouvez ici la note et les références bibliographiques présentées dans le livre ainsi que d’éventuels compléments ! Notes et bibliographie septembre 22, 2024 No Comments Stéphane Durand Le technosolutionnisme consiste à chercher avant toute chose une solution technique à une problématique. Si les techniques sont utiles, elles sont rarement la seule réponse à apporter aux problèmes de nos sociétés technophiles voir note n° 17 « La technique au service de l’homme ou l’homme au service de la technique ? Quel discernement technologique ? »
Note n°019 – Ultra-solution
Note n°019 – Ultra-solution Retrouvez ici la note et les références bibliographiques présentées dans le livre ainsi que d’éventuels compléments ! Notes et bibliographie septembre 22, 2024 No Comments Stéphane Durand Le doute, lorsqu’il est culturellement accepté, est une formidable source de créativité. La production de connaissances scientifiques est nourrie au doute ! La remise en cause des hypothèses, le challenge de sa perception des résultats observés, l’expérimentation sont autant de démarches qui naissent de l’acceptation de l’incertitude et de l’ouverture vers de nouveaux potentiels. Néanmoins, la manière dont nous appréhendons ce sentiment dépend de notre manière de voir le monde, de nos fondations culturelles. Dans nos sociétés d’experts, il n’est plus permis de douter. Il est encore trop rare d’entendre de la part d’un dirigeant ou d’un expert qu’il ne sait pas alors qu’il est interrogé sur une problématique complexe faite naturellement d’incertitude. Le doute est aujourd’hui générateur de stress. Nous cherchons alors absolument à trouver des solutions à tout problème, même les plus mal posés. Le rejet du doute, comme moteur de créativité, est aujourd’hui une des raisons principales de la mal adaptation, c’est-à-dire la mise en œuvre de solutions qui participent à générer toujours plus le même problème. Le chercheur psychologue et psychothérapeute autrichien, Paul Watzlawick, un des pères fondateurs de l’École Palo Alto, a traité ce sujet dans son ouvrage : Comment réussir à échouer, trouver l’ultra-solution, Éditions Seuil, 1991. Comment réussir à échouer, trouver l’ultra-solution, Paul Watzlawick Éditions Seuil, 1991.
Note n°020 – Reflet systémique
Note n°020 – Reflet systémique Retrouvez ici la note et les références bibliographiques présentées dans le livre ainsi que d’éventuels compléments ! Notes et bibliographie septembre 22, 2024 No Comments Stéphane Durand Reflet systémique… Il est fait référence ici à la difficulté du passeur à considérer ses propres croyances et finalités poursuivies dans un cadre d’intervention où les croyances et les buts peuvent être antagonistes. Faire avec ce qui existe pour tracer une nouvelle trajectoire, être à la fois acteur et observateur, conscient de ses propres limites et biais et de ceux des autres, mettre de côté ses convictions intimes pour servir l’intérêt commun est un jeu d’équilibriste délicat et éprouvant. Le passeur a lui-même besoin d’être accompagné pour rester sur le fil qui lui permet d’être stimulant et facilitant pour le système à transformer et éviter de se faire absorber par les codes du système et d’en adopter les postures et principes d’action les plus sclérosants. Le passeur, comme tout accompagnant de transformations profondes, est en proie au « reflet systémique » ; il aura tendance à adopter la manière de se comporter et d’être en relation des personnes, des équipes ou des territoires accompagnés. Cela est un formidable levier au service du changement s’il en est conscient. Hélas, il est très facile pour l’accompagnant, dans sa pratique, d’être victime du reflet systémique et de ne pas s’en apercevoir au point de contribuer lui-même à maintenir en place les conditions du non-changement.