Encart « Sur le chemin du passeur » – « Changer le monde… ici et maintenant ! »
« C’est beau chez nous »

Retrouvez ici les encarts « Sur le chemin du passeur » présents dans l’ouvrage.
Nous vous invitons aussi, à consulter les notes bibliographiques situées sous le texte.
- A la une, Encarts "Sur le chemin du passeur"
- octobre 6, 2024
- No Comments
- Olivier Erard
Changer le monde, c’est d’abord changer son monde.
Le passeur intervient dans une réalité, une géographie, ce n’est pas un penseur extérieur au système, il est dedans tout en étant au bord.
Avant d’opérer, le passeur doit prendre conscience du territoire dans lequel il va agir (note n°011).
La notion de territoire est multiple ; elle renvoie à une terre, des lieux contenus dans des frontières physiques, mais également à la notion d’organisation humaine, d’inconscient collectif, de culture. Ainsi, une entreprise, une association et finalement tout groupe humain organisé constituent un territoire.
Dès lors, tout peut devenir « territoire de transition » pour le passeur : toute organisation peut être approchée comme si elle était un territoire. Par exemple, une entreprise peut être regardée uniquement dans sa fonction de production avec ses fournisseurs et ses clients.
Cependant, la transition demande de regarder l’entreprise dans son environnement global, une organisation qui vit dans un terroir avec des salariés habitants qui vivent ce terroir.
Avant d’agir, le passeur identifie un premier périmètre dont les limites sont à la fois physiques, culturelles, politiques, symboliques…
La notion de territoire est complexe à aborder et il convient pour le passeur d’accepter le flou (note n°012) que cela génère. Il existe plusieurs définitions des territoires et pour engager une transformation, la dimension géographique ne suffit pas, il convient d’ajouter au moins les dimensions historiques et culturelles.
Le passeur doit avoir conscience de sa place physique et symbolique dans ce territoire multidimensionnel qui ne se résume pas à la géographie (note n°013). Cette approche du territoire de transition est à garder en permanence à l’esprit du passeur, car le périmètre va évoluer (note n°014) au fur et à mesure de la démarche de transformation.
C’est la logique systémique qui opère ; les relations entre les parties prenantes ne sont jamais totalement circonscrites au système sur lequel le passeur agit. Et avec les mouvements de transformation, d’autres relations vont apparaître, modifiant le périmètre d’intervention du passeur.

Texte d’Olivier Erard avec la contribution de Stéphane Durand, extrait de l’ouvrage « Le passeur » aux éditions Inverse///
Notes attachées au texte. Rédigées par Stéphane Durand.
Note n°011 – Système pertinent
Note n°011 – Système pertinent Retrouvez ici la note et les références bibliographiques présentées dans le livre ainsi que d’éventuels compléments ! Notes et bibliographieseptembre 22, 2024 No CommentsStéphane Durand En approche systémique, l’idée de « système pertinent » renvoie à celle de périmètre. Périmètre qui peut être géographique, fonctionnel, social, métier, d’affaire ou d’autre nature, dans lequel l’autonomie est « maximale ».Dans ce système pertinent, l’action est possible, efficace et faiblement entravée par des perturbations extérieures, car la chaîne de valeurs permettant la délivrance du service implique des services ou des infrastructures hors du périmètre d’analyse et d’action.
Note n°012 – C’est flou !
Note n°012 – C’est flou ! Retrouvez ici la note et les références bibliographiques présentées dans le livre ainsi que d’éventuels compléments ! Notes et bibliographie septembre 22, 2024 No Comments Stéphane Durand Plus les situations sont complexes, plus l’inconfort lié à ce qui n’est pas très clair (ambiguë), ce qui bouge (volatile), ce que nous ne savons pas précisément (incertain) et ce qui est imprévisible, car interdépendant de nombreux autres éléments à la fois (complexe), est élevé. Pour nous aider à caractériser ces situations, l’école de guerre américaine a développé le concept VUCA. Concept VUCA développée par l’école de guerre des États Unis d’Amériques. Un excellent article de Philippe Vallat, expert des systèmes complexes (Military Power Revue der Schweizer Armee – N° 2/20214
Note n°013 – Hologrammique
Note n°013 – Hologrammique Retrouvez ici la note et les références bibliographiques présentées dans le livre ainsi que d’éventuels compléments ! Notes et bibliographie septembre 22, 2024 No Comments Stéphane Durand Principe développé dans l’œuvre sur la pensée complexe d’Edgard Morin. Ce principe traduit notamment l’idée que la société est partie constituante de l’individu et l’individu est partie constituante de la société. Ainsi, comprendre le réel à travers un prisme particulier, par exemple géographique, sociologique, économique, écologique, tout comme l’observer de manière globale ou uniquement à la loupe, amène à une compréhension tronquée de la réalité. Pour expliquer le principe hologrammique, Edgard Morin fait souvent référence au philosophe Blaise Pascal qui énonçait « Je tiens pour impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties ». Le passeur, tout comme les autres acteurs du territoire, porte en lui une forme d’ADN du territoire tout comme le territoire est lui-même en partie impacté par la présence du passeur et des autres acteurs qui l’animent. Ainsi, il y a le monde des actes, ce qui est visible, et celui des intentions, ce pour quoi l’acte est réalisé. C’est cet ensemble d’actions réalisées dans des finalités différentes qui sont à l’origine de l’équilibre et de la trajectoire dans lesquels le territoire s’inscrit. Le passeur cherche à transformer le territoire et à agir sur les dynamiques qui l’animent. Pour cela, il doit avoir conscience des mécanismes régulateurs et de ceux émergeant susceptibles de provoquer des changements irréversibles. Il agit notamment sur les fondations de ce qui forge les intentions des parties prenantes, c’est-à-dire les éléments de culture, dont les croyances, les buts, les méthodes et les solutions.
Note n°014 – Dynamique
Note n°014 – Dynamique Retrouvez ici la note et les références bibliographiques présentées dans le livre ainsi que d’éventuels compléments ! Notes et bibliographie septembre 22, 2024 No Comments Stéphane Durand Le passeur doit avoir conscience de ces interdépendances et observer leurs évolutions dans le temps et au gré des situations pour ajuster le périmètre de son action afin qu’elle soit la plus efficace possible. Dans un projet complexe, la gestion des périmètres est une activité à part entière qui nécessite une ingénierie spécifique, bien différente de celle des projets dits « compliqués » qui s’inscrivent dans une logique de planification. En effet, les systèmes complexes sont animés par des dynamiques internes. Ils sont aussi tributaires des dynamiques externes qu’ils contribuent eux-mêmes à faire évoluer. Lorsque les échanges avec l’extérieur deviennent rares, c’est que nous avons affaire à un écosystème. Dans une économie mondialisée telle que nous la connaissons aujourd’hui, nous pouvons affirmer que nous sommes tous interdépendants. La complexité fait appel au principe d’émergence qui nécessite une révision continue des périmètres, des ressources, voire, des objectifs déclinés des finalités. Pour aller plus loin sur les interdépendances au sein des territoires, consulter les travaux de Béatrice et Eric Plottu dans l’article « Logiques territoriales et aménagement durable du territoire : quelles règles de coordination et de décision ? – Géographique économie société 11 (2009) 283-299 »