Note n°058 – Légitimité des données

Retrouvez ici la note et les références bibliographiques présentées dans le livre ainsi que d’éventuels compléments !
- Notes et bibliographie
- septembre 25, 2024
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- Stéphane Durand
Même partiellement fausses, les données récoltées par ceux qui les exploitent sont de fait plus légitimes que des données, plus « justes » produites par des experts non connectés au tissu social du territoire.
Une stratégie gagnante, issue du monde du compliqué, serait de confier la récolte et l’analyse des données à un expert puis que cet expert porte à connaissance ses conclusions auprès du commanditaire qui prendrait ses décisions, moins éclairé par sa compréhension technique du sujet que par la confiance qu’il accorde à l’expert recruté.
Plus le niveau d’enjeux monte, plus le processus de sélection de l’expert est outillé et plus certains décideurs acceptent de s’immerger dans l’analyse pour tenter de la comprendre et vérifier, non pas la pertinence des conclusions, mais la qualité de la démarche qui a permis à l’expert de tirer ces conclusions.
Dans le traitement des problématiques complexes, la tentation est grande de répliquer cette façon de faire tant le niveau de stress est corrélé au niveau d’incertitude qui conduit à vouloir faire toujours plus d’études avant de prendre des décisions.
Aussi, la croyance répandue est que mobiliser de nombreuses parties prenantes réputées individuellement incompétentes serait une source de gaspillage et que l’efficience s’obtiendrait en externalisant ce travail de récolte et d’analyse et en livrant des conclusions, voire des solutions, toutes faites.
L’expérience montre que cela ne se passe pas comme dans nos rêves.
Pour embarquer un collectif et faire en sorte que des décisions soient suivies d’actions efficaces, il est de loin préférable de faire émerger les données et les analyses des acteurs du terrain sans oublier d’intégrer les décideurs dans ce travail laborieux.
Sans cela, il n’y a pas d’appropriation possible en raison du niveau d’enjeu que revêtent les décisions d’une part et, d’autre part, de la nécessité, pour ceux qui décident et qui font, de comprendre en quoi la situation actuelle doit évoluer et pour quelles raisons, les solutions qui émergent sont celles à mettre en œuvre. Un article de Philippe Vallat sur le « bon usage des experts » permet d’éclairer ces propos.